samedi 8 mai 2010

Chronophobe

Boîte aux lettres

Toujours ce frisson d'excitation,
En ouvrant la boîte aux lettres
Toujours ce sourire qui craint d'être
tué par une cruelle déception.
Toujours ce vent qui passe sous ma blouse fine,
Toujours ces chants d'oiseau et cette comptine:
"Printemps, je n'aime plus ta douceur,
De loin je lui préfère, les belles rigueurs
De ton cousin, le seigneur hiver,
Va-t-en, printemps, toi et ton cortège vert.
Tu me fais horreur, toi et tes massifs fleuris
qui contrastent tant avec mes nuages gris."

Toujours mes mains qui s'agitent
Serrés, ouvertes,acérées, offertes;
La tension part vite
Compagne volage qui avec sa perte,
Ne me laisse qu'un sentiment de fragilité.
"Printemps, je te hais puisqu' après toi viens l'été.
La fleur nouvelle rappelle que tout peut s'arrêter,
Que la vie est fantasque, et que tout sera différent.
Quand le soleil et la chaleur, en entrant
Dans la danse , sonneront la fin de cette
Vie là, et le début d'une autre, temps de fête
Pour ceux qui ne voient pas la morte,
Pas pour moi qui ne suis pas si forte..."


Et je rentre, il fait un peu plus gris, ça me rassure,
Derrière mon bandeau de velours bleu noué sur
Les yeux: Je refuse d'accepter ce que je vois,
Ces visions de l'avenir qui pèse sur moi.

Marianne